Lecture commentée de "Ommi Sissi". [Ep1]

Nous allons ensemble aujourd'hui procéder, comme ça, gratuitement, à un exercice d'analyse et de réflexion autour d'une oeuvre de la tradition orale d'un folklore national quelconque.
Pour commencer, nous allons tirer au hasard un folklore national quelconque... et ça sera le... (ah non, pas le folklore ouzbèke, j'y connais rien, on tire une deuxième fois discrétement)... le folklore national tunisien (tiens, je m'y connais en celui-là).

Les récits héritées de génération en génération sont nombreux dans la tradition orale tunisienne. Ils portent en général dans de mots qui accrochent l'attention des enfants une morale ancéstrale et pleine de sagesse. Applaudissements.

Nous allons donc nous attaquer à l'un de ces récits et peut-être au plus célèbre d'entre eux : l'histoire de "Ommi Sissi" [siii-siii, i long 2 fois] ou Mère Sissi si on veut pousser la francophonisation des esprits lisant ce blog plus loin. Sans plus tarder, racontons et analysons cette histoire :

"Ommi Sissi balayait balayait"
Nous remarquons, dans cette phrase introductive, l'insistance du conteur sur l'action de balayer car il veut nous faire sentir un mouvement répétitif de gauche à droite ou de droite à gauche (si Ommi Sissi est gauchère mais ça on sait pas) avec comme centre de rotation la main de Ommi Sissi appliquant sans le savoir une force de Coriolis sur le balai à manche. voir Figure 1.

"Elle a trouvé un petit sou"
Un petit sou est une traduction de l'arabe dialectal "flayyes" qui est le diminutif de "flouss" (que les linguistes maîtrisant l'argot français ont vite repéré car il veut dire argent). Le diminutif est une preuve de la valeur marchande de ce flayess qui est donc peu importante et non investissable en bourse (heureusement dites vous, oui c'est vrai mais sachez qu'à l'époque de Ommi Sissi, il y avait pas de bourse en Tunisie donc vous avez tort de dire heureusement)

"Elle s'est demandé "Que vaiiiis-je faire aveeeec?" "
Dilemme. Premier noeud de l'histoire. La valeur marchande du flayess donne du fil à retordre à Ommi Sissi qui ne sait pas quoi en faire. Là, l'auditeur est en pleine empathie face à cette problématique financière impactant l'économie réelle du porte monnaie de Ommi Sissi qui d'ailleurs en prolongeant les voyelles de sa phrase accentue la perplexité de la situation.

"Elle s'est dit je vais acheter avec des bonbons que je vais donner à ma fille qui va rentrer de l'école"
Ici deux points très importants. Contrairement aux idées reçues, Ommi Sissi n'est pas une vieille mémé. Effectivement, Ommi Sissi a une fille qui va à l'école donc la dame, en me référant à l'époque éventuelle (pas de questions!!) où vivait Ommi Sissi, devrait avoir au grand maximum 40 ans.
Deuxième point, pourquoi acheter des bonbons pas autre chose car nous remarquons que le noeud établi précedemment a été vite résolu. Oui c'est vrai. Mais ce n'est pas forcément des bonbons. En effet, pour des raisons de simplication face à l'auditeur, il est préférable de vite régler cette problématique car elle ne participe pas à l'intrigue de l'histoire. Ainsi, du chocolat, du Tuc, un cake, un croissant ou un gateau à la vanille (retenez-le bien ce dernier là) pourraient faire tout aussi bien l'affaire.

"Elle est partie chercher les bonbons"
ou le chocolat, ou le Tuc, ou le cake, ou le croissant ou le gateau à la vanille (retenez-le bien ce dernier là, j'insiste)
"Elle est rentrée avec dans un couffin"
J'entends des gens perspicaces hurler : Pas besoin de mettre des bonbons (ou le chocolat, etc) dans un couffin, c'est trop grand et donc c'est bête et ridicule. Oui c'est vrai. Mais je dirai à ces gens, taisez vous et ne brisez pas l'intrigue.

"Une fois chez elle, elle a mis le couffin sur l'armoire"
Acte bizarre effectivement mais attendez la suite l'histoire. Mais avant de continuer, remarquons ici que j'ai bien dit armoire. Si j'avais dit placard, ça ne serait pas possible tout simplement parce qu'on ne peut rien mettre sur un placard, ce dernier étant encastré dans le mur contrairement à une armoire. Vous voyez.

"Et ensuite, elle est partie voir le gourmand chat et lui dit :"
Deux points ici aussi.
Le chat est gourmand. Effectivement, je vais pas vous le cacher, il aura dans la suite des velleités pour s'accapparer des bonbons (ou chocolat, etc). D'ailleurs, si j'ai insisté sur le gateau à la vanille (si si, c'est parce que vous suivez pas que vous dites non), c'est que j'ai connu un chat qui adorait la vanille. C'était un des chats de mes grands parents qui s'appelait "Mranguet" (non pas meringuette) et qui adorait l'odeur de la vanille et qui collait à ma grand-mère lorsqu'elle cuisinait un gateau avec de la vanille. Bon, Mranguet le bien-aimé est parti un jour sans retourner chez mes grands parents. Et jusqu'à aujourd'hui, aucun chat n'a eu la gloire familiale de Mranguet même pas Jamil que Grand-Père adore et Grand-Mère pas du tout. Je sais, vous vous en fichez mais vous me lisez donc vous assumez.
Sinon, deuxième point, Ommi Sissi parle au chat. Les gens de tout à l'heure : Est-elle folle? Oui, des preuves existent dans ce sens, effectivement. Mais je leur dit encore une fois, c'est l'intrigue de l'histoire qui l'exige et je préviens la prochaine fois, ces gens là sortent de la salle.


Aujourd'hui je m'arrête ici (ah là là suspense, que va dire Ommi Sissi au chat...)
Prochain post, la suite!

À plus!

Elle Ommi Sissi? Euh, je sais pas...
La femme au chapeau, Henri Matisse, 1905

 

3 commentaires:

Aychu a dit…

Ehhhh...
je ne sais pas quoi penser de ton poste !!
Mais si jamais ma grand mère m'avait raconté l'histoire avec tous ces détails, je crois que j'aurais eu l'idée de me jetter par le balcon !! (et non la fenêtre, car à 5 ans, la fenêtre est trop haute pour que je pussie l'approcher aussi facilement, vous pouvez voir sur la figure 454 le moment de la poussé du saut inssuffisante selon le climat, la force du vent, le poids de l'individu et la volonté du bon Dieu !!)

:)
Bon courage et Bonne continuation !

Anonyme a dit…

J'ai hate de connaitre la suite de cette histoire que je connais par coeur et non pas par soucis de faire plaisir à mon hôte du bavardoir, mais par curiosité infantile que j'ai gardée plus ou moins intacte et qui fait que je ne peux commencer une histoire sans la finir même si l'histoire en question m'est familière. et puis pourquoi donc se priver de commentaires aussi réfléchis :)

Anonyme a dit…

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